Elle ressemblait à une jeune princesse de conte de fées, avec ses lèvres bleutées et ses paupières blanches. Ses cheveux se confondaient avec l'herbe rouillée tachée par le froid matinal, et ses petites mains ne serraient que le vide. Il faisait si froid ce jour-là que les moustaches de chacun étaient couvertes de neige, respirant comme des taureaux. On frappait du pied pour faire circuler le sang dans les orteils. Dans l'air, des oies maladroites tournoyaient, comme perdues. Le soleil se cachait derrière son voile de brume, qui ne se dissipait que lentement. Aucun bruit. Même les canons semblaient engourdis par le froid. Peut-être la paix était-elle enfin arrivée… devina Grosspeil. « Paix, mon pied ! » répondit son collègue en tirant le manteau humide sur le corps de la jeune fille.