Une terrible épidémie sévit à Naples depuis l'entrée des armées alliées en libératrices, en octobre 1943. Cette épidémie corrompt non pas le corps, mais l'âme ; les femmes sont contraintes de se vendre et les hommes de sacrifier leur dignité. La ville se transforme en un enfer d'humiliation et offre des images atroces d'une horreur obscène. L'indicible vérité est que l'épidémie repose entre les mains bienveillantes et amicales des libérateurs. Leur incapacité à reconnaître les forces mystérieuses et obscures qui gouvernent Naples, et leur conviction qu'un peuple conquis doit être une nation de coupables, amplifie cette tragédie. Il ne reste plus que la lutte pour la survie : non pas pour l'âme, comme auparavant, ni pour l'honneur, la liberté ou la justice, mais seulement pour la peau souillée. Milan Kundera écrivait dans « La Peau » de Malaparte : « Par ses mots, il se blesse et blesse les autres ; celui qui parle est un homme qui souffre. Non pas un écrivain engagé, mais un poète. »