Elle était allongée là, immobile sur son lit, avec cette phrase familière, trop familière : « Je t'aime. » Trois mots fins et pâles, en fin de compte. Les sept lettres se détachaient à peine sur la clarté des draps. On aurait dit que cette petite phrase nous souriait. On aurait dit qu'elle nous parlait : « Je suis un peu fatiguée. Apparemment, j'ai trop travaillé. J'ai besoin de me reposer un peu. » « Viens, viens, je t'aime », lui répondit M. Henri. « Je te connais. Depuis toujours. Tu es forte. Quelques jours de repos et tu te remettras sur pied. » M. Henri était aussi ému que moi. Tout le monde dit et répète « Je t'aime ». Il faut être prudent avec les mots. Ne pas les répéter au hasard. Ni les utiliser au hasard, entre nous, en mentant. Sinon, les mots s'usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver. »